Chroniques du mois de l'eau
On parle souvent d’inondation, mais rarement de l’étiage.
QU’EST-CE QUE L’ÉTIAGE?
Lorsque les précipitations liquides commencent à manquer, le débit des rivières diminue
jusqu’à atteindre son débit minimum ou débit d’étiage. Généralement, les périodes où les niveaux d’eau sont à leur minimum s’observent à l’été, mais elles peuvent aussi se produire en hiver. Bien que ce phénomène soit naturel, des dommages parfois importants peuvent se produire si cette période s’étire.
Déjà en avril 2020, les rivières étaient assoiffées. En temps normal, à ce temps de l’année, elles sont bien gonflées et on parle encore des dommages causés par les inondations sur les résidences bâties un peu trop près des cours d’eau.
L’année 2021 commence en étant très sèche : faible couvert de neige et très peu de pluies printanières. Sans l’apport d’eau issue de la fonte de la neige et les fortes précipitations au printemps, les cours d’eau ont soif. On aime tous le beau temps, surtout dans cette période où l’on cherche la lumière, mais un peu de pluie nous ferait du bien.
D’OÙ PROVIENT L’EAU EN PÉRIODE
D’ÉTIAGE ?
En étiage, lorsque les précipitations ne suffisent plus pour abreuver les rivières, l’eau provient notamment des lacs en amont, des milieux humides et surtout des nappes phréatiques. En effet, l’eau stockée dans les lacs alimentera les cours d’eau, mais les lacs se vident également, faute d’apport significatif. Ce n’est pas suffisant. Les milieux humides, quant à eux, agissent comme des éponges lorsque l’eau est abondante et la laissent progressivement s’écouler. Les nappes phréatiques alimentent aussi les lacs et les rivières lorsque ceux-ci doivent s’hydrater. Les milieux humides et l’eau souterraine démontrent encore une fois pourquoi ils doivent absolument être préservés. C’est à eux qu’on doit l’eau lorsqu’elle se fait rare.
ET PUIS ?
Des niveaux d’eau anormalement bas peuvent réellement nuire aux usagers des plans d’eau. On n’a qu’à penser à ceux qui possèdent des embarcations à moteur qui doivent déjà porter une attention particulière aux hauts-fonds ou encore aux nombreux adeptes de sports d’eaux vives qui doivent se rabattre sur les quelques rivières qui coulent encore. Les pêcheurs devront aussi conjuguer avec ce problème. Des espèces de poissons très prisées risquent d’être négativement affectées par les niveaux d’eau d’étiage. Plusieurs agriculteurs pourraient même devoir irriguer leurs terres prématurément.
Un phénomène qui a des conséquences sur toute la chaîne hydrique
Si la tendance se maintient, l’été pourrait également être très sec. Si tel est le cas, les milieux humides et les nappes phréatiques pourraient commencer à ne plus suffire. Il faudra encore plus d’eau pour irriguer les terres. Si la nappe se vide trop, la ressource commencera à manquer et la quantité d’eau disponible pourrait diminuer et sa qualité se voir altérée.
MAIS ENCORE ?
Pour les écosystèmes naturels, des périodes d’étiage prolongées peuvent exacerber des problèmes existants. Sans parler des sécheresses qui font souffrir les plantes et augmentent le nombre de feux de forêt. Les poissons, comme les
truites ou les dorées, pourraient perdre l’eau froide bien oxygénée qu’ils apprécient tant. Lorsque l’eau manque, les nutriments qui se retrouvent dans les plans d’eau sont plus concentrés, ce qui risque d’accélérer et d’amplifier la prolifération de cyanobactéries ou de plantes aquatiques. On peut observer la même chose avec les contaminants et polluants. Plus ils sont concentrés, plus il est probable que votre plage préférée soit fermée à la baignade.
OH, QUE PUIS-JE FAIRE ?
Bien que les périodes de sécheresses et d’étiage soient tout à fait naturelles, il y a plusieurs choses que nous pouvons faire pour atténuer les impacts. En tant que citoyens, nous pouvons ajuster notre consommation d’eau. Est-ce qu’une pelouse plus verte ou une entrée d’asphalte bien rincée au tuyau d’arrosage ont tant d’importance ? Des aménagements peuvent aussi être réalisés pour favoriser l’infiltration de l’eau de pluie afin de recharger les nappes phréatiques. Réduire notre consommation d’électricité, en période de canicules, peut aussi aider Hydro-Québec à continuer de relâcher assez d’eau dans les rivières pour notre bien à tous. Jusqu’à preuve du contraire, la danse de la pluie ne suffit pas. Laissons Dame Nature faire son œuvre, puisque comme le disait le capitaine Patenaude:« après la pluie, le gazon est mouillé».