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Espèces exotiques envahissantes

Le Plan directeur de l'eau de la zone Batiscan-Champlain est composé des 6 problématiques priorisées par les utilisateurs de l'eau en 2023. Les espèces exotiques envahissantes constituent l'une de ces problématiques. Continuellement mise à jour, cette page permet de mieux comprendre ses enjeux.

Dans cette page

Qu'est-ce qu'une espèce exotique envahissante (EEE) ?

EEE est un acronyme pour « espèce exotique envahissante ». C’est un animal, un végétal, un champignon ou un microorganisme (bactérie ou virus) introduit volontairement ou accidentellement hors de son aire de répartition naturelle. Son caractère envahissant et son absence de prédateur naturel menace l’environnement, l’économie et la société.

Quelles sont les conséquences ?

L’introduction d’une espèce exotique envahissante est pratiquement irréversible, ce qui signifie que les impacts engendrés sont difficiles à limiter et nécessitent une lutte constante contre l’espèce invasive. Selon l’espèce et le milieu touché, les conséquences environnementales, sociales et économiques sont différentes.

Environnementales

L'introduction de plantes exotiques envahissantes menace de diminuer la biodiversité parce qu'elles :

  • Entraînent le déplacement des espèces indigènes sous l’effet de la prédation ou de la compétition dans la recherche de nourriture et d’autres ressources (Verhoeven et al., 2020) ;
  • Diminuent la diversité génétique des espèces indigènes, en s’hybridant avec ces dernières, et constituent une menace pour certaines espèces rares ou vulnérables (Tikader et Vijayan, 2017).

 

Les EEE entraînent aussi une dégradation physique des habitats. Leur introduction et leur propagation peuvent altérer la composition des écosystèmes naturels et compromettre leur fonctionnalité, et donc diminuer les services écologiques rendus, en créant :

  • L’érosion des berges : p. ex. la stabilité d’une berge est davantage compromise sous un couvert de renouée du Japon que lorsque la berge est couverte de plantes indigènes (Matte et al., 2021).
  • Une diminution de la disponibilité de l'eau : la présence d'une colonie dense de renouée du Japon peut évaporer suffisamment d’eau du sol pour diminuer le niveau des ruisseaux adjacents (Vanderklein et al., 2014).

Sociales

L'introduction d'espèces exotiques envahissantes peut entraîner une perte de jouissance des utilisateurs des milieux terrestres ou aquatiques (Gouvernement du Québec, 2023), notamment parce qu'elles :

  • Endommagent les infrastructures ;
  • Gênent la baignade, la randonnée ou les autres activités récréatives selon le milieu affecté ;
  • Repoussent les espèces indigènes hors des zones récréatives ;
  • Présentent un risque de santé publique si l’espèce cause des lésions ou inconforts comme des brûlures ou des allergies nécessitant des soins (Colton-Gagnon et al. 2014).

Économiques

L’introduction d’espèces exotiques envahissantes peut engendrer des pertes financières des secteurs économiques tel que l’agriculture, la foresterie, l’industrie de la pêche, la navigation de plaisance et le tourisme (Gouvernement du Québec, 2023a) :

  • La destruction ou la dégradation des cultures entraîne une diminution de la productivité agricole, forestière ou aquacole ;
  • La dégradation esthétique des milieux touristiques et récréatifs entraîne des coûts pour leur restauration comme sur des surfaces gazonnées de terrains de golf ou les pelouses de propriétés privées ;
  • La gestion des EEE entraîne des coûts récurrents pour limiter sa propagation et ses impacts négatifs ;
  • La présence d'EEE peut entraîner une diminution de la valeur des propriétés riveraines de lac (Frid et al., 2013) ou la perte d’arbres matures sur une propriété urbaine (Montpetit, 2010).

Quelle est la problématique sur le territoire ?

Aucun inventaire exhaustif n’a été réalisé pour recenser l’ensemble des espèces exotiques envahissantes à l’échelle de la zone Batiscan-Champlain. Les occurrences d’EEE proviennent d’observations déclarées au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) et validées par celui‑ci. Étant donné l’échantillonnage aléatoire et volontaire, notons que les EEE sont plus souvent répertoriées dans les milieux ayant une activité anthropique, mais cela ne signifie pas qu’il n’y en a pas d’autres ailleurs.

Dans la zone Batiscan-Champlain, la présence de 28 EEE est confirmée, soit 5 espèces animales et 23 végétales. Ces espèces sont présentes surtout dans les milieux terrestres (60 %), mais colonisent aussi les milieux hydriques (21 %) et, en moindre proportion, les milieux humides (17 %). Dix d'entre elles figurent parmi les espèces floristiques exotiques envahissantes prioritaires (MELCC, 2021). Cela signifie que cette catégorie de plantes est plus préoccupante en termes de nuisance pour la biodiversité ou le fonctionnement des milieux naturels. Les EEE connues ont été principalement observée dans le sud du territoire, à proximité des milieux anthropiques, cependant, peu de données sont disponibles dans le nord (voir la carte ci-dessous).

Au Québec, 54 autres EEE sont présentes ce qui signifie qu'elles ont également le potentiel d'être introduites dans la zone Batiscan-Champlain.

Répartition des espèces exotiques envahissantes répertoriées sur le territoire de la zone Batiscan-Champlain (Qc).
Liste des espèces exotiques envahissantes observées dans la zone Batiscan-Champlain (Qc ; MELCCFP, 2023).

Quelles sont les causes ?

L’introduction d’espèces exotiques envahissantes est souvent attribuable aux activités humaines, principalement expliquées par les échanges commerciaux mondiaux (Gouvernement du Québec, 2023).

D’après le gouvernement du Québec, l’introduction d’une EEE peut provenir :

  • De l’utilisation d’une espèce pour contrôler la population d’une autre espèce ;
  • Des animaux de compagnie, ou des espèces chassées ou pêchées qui sont relâchées dans la nature avec ou sans autorisation (p.ex. espèces d'aquarium comme le poisson rouge, la tortue à oreille rouge et le myriophylle à épis) ;
  • D’espèces échappées de lieux de garde en captivité (p.ex. le sanglier est potentiellement présent sur le territoire, car il l'est au Québec) ;
  • D’espèces transportées sur des marchandises (p. ex. la moule zébrée est potentiellement présente sur le territoire, car elle l'est au Québec) ;
  • D’espèces transportées par les embarcations ou le matériel nautique n’ayant pas été nettoyés (p.ex. le cladocère épineux et la moule zébrée).

En milieu aquatique, les plantes et les animaux exotiques envahissants se propagent d’un plan d’eau ou d’un cours d’eau à l’autre essentiellement en étant accrochés aux embarcations ou transportés dans les eaux de ballast ou de modules de refroidissement des moteurs. D’autres organismes peuvent être échappés de cultures ou d’élevages, par exemple lorsqu’ils sont cultivés à des fins de paysagisme ou élevés pour l’aquariophilie.

En milieu terrestre, les travaux de voiries et le déplacement de terre lors de remblayages peuvent propager des fragments souterrains de plantes telles que la renouée du Japon et le roseau commun (Lavoie et al., 2003).

Les organismes peuvent aussi se déplacer de manière naturelle depuis leur point d’introduction originel. Ainsi, les animaux à forte capacité de déplacement peuvent se répandre rapidement sur un territoire. C’est probablement le cas de la tanche, qui a été introduite dans la rivière Richelieu au début des années 1990.

Dans le contexte actuel de changement global, l’augmentation du commerce, les changements d’utilisation du territoire ainsi que la hausse des températures attendue pourraient avantager les espèces exotiques envahissantes (Bradley et al. 2010) notamment par :

  • L’allongement de la saison de croissance rendra disponibles de nouveaux territoires (MELCCFP, 2020), en plus de favoriser leur reproduction (Hellmann et al., 2008 ; Gouvernement du Québec, 2023b) ;
  • La propagation des EEE déjà présentes, mais peu abondantes, pourraient voir leur nombre augmenter avec la présence de conditions favorables (Gouvernement du Québec, 2023).
Fragments de myriophylle à épis, une EEE, coincé dans le moteur
Tanche, une EEE, pêchée dans la rivière Batiscan

Que pouvez-vous faire ?

S'outiller pour reconnaitre rapidement les EEE

Consulter le répertoire des plantes aquatiques de la zone Batiscan-Champlain, dont les EEE

Identifier les espèces aquatiques envahissantes

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Pour aller plus loin

Liens utiles

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Pour consulter le répertoire des plantes aquatiques dans la zone Batiscan-Champlain, incluant les plantes exotiques envahissantes, cliquez ici.

Pour connaitre les espèces de poissons fréquemment pêchés sur le territoire, dont les poissons exotiques envahissants, cliquez ici.

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Références

Bradley, B. A., D.M. Blumenthal, D.S. Wilcove et L.H. Ziska. 2010. Predicting plant invasions in an era of global change. Trends in ecology & evolution, 25(5), 310-318.

Colton-Gagnon K., M.É. Cuerrier, R. Néron, S. Chauvette et A. Rondeau. 2014. Le panais sauvage : une mauvaise herbe irritante. Réseau d’Avertissement Phytosanitaire, Québec. 5p.

Frid, L., D. Knowler, J.H. Myers, L. Scott et C. Murray. 2013. A multi-scale framework for evaluating the benefits and costs of alternative management strategies against invasive plants. Journal of Environmental Planning and Management, 56(3), 412-434.

Gouvernement du Québec. 2023a. Facteurs d’introduction et conséquences des espèces exotiques envahissantes. [En ligne, consulté le 29 février 2024] https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/faune/gestion-faune-habitats-fauniques/gestion-especes-exotiques-envahissantes-animales/introduction-consequences.

Gouvernement du Québec. 2023b. Scarabée japonais. [En ligne, consulté le 9 janvier 2024] https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/faune/animaux-sauvages-quebec/liste-des-especes-fauniques/scarabee-japonais.

Hellmann, J.J., J.E. Byers, B.G. Bierwagen, J.S. Dukes. 2008. Five potential consequences of climate change for invasive species. Conserv. Biol. 22, 534–543.

Lavoie, C., M. Jean, F. Delisle et G. Létourneau. 2003. Exotic plant species of St. Lawrence River wetlands : a spatial and historical analysis. Journal of Biogeography. 30, 537–549

Matte, R., M. Boivin et C. Lavoie. 2022. Japanese knotweed increases soil erosion on riverbanks. River Research and Applications, 38(3), 561-572.

Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). 2020. Rapport sur l’état des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques du Québec. 480 p. [En ligne, consulté le 18 octobre 2023] https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/rapport-eau/rapport-eau-2020.pdf.

Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). 2021. Liste des espèces floristiques exotiques envahissantes prioritaires. Gouvernement du Québec. [En ligne, consulté le 27 novembre 2023] https://www.environnement.gouv.qc.ca/biodiversite/especes-exotiques-envahissantes/liste-EFEE-prioritaires.pdf.

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). 2023. Sentinelle - Espèces exotiques envahissantes. Jeu de données. Mis à jour le 17 novembre 2023.

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). s.d. Espèces exotiques envahissantes (EEE). [En ligne, consulté le 27 novembre 2023] https://www.environnement.gouv.qc.ca/biodiversite/especes-exotiques-envahissantes/index.asp.

Montpetit, G. 2010. Les déterminants de la valeur dans le marché immobilier montréalais: étude appliquée aux lignes de distribution câblées, à la végétation et aux types de rue. Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en économique. Université du Québec à Montréal. 90 p.

Tikader, A. et K. Vijayan. 2017. Mulberry (Morus spp.) genetic diversity, conservation and management. Biodiversity and conservation of woody plants, 95-127.

Vanderklein, D. W., J. Galster et R. Scherr. 2014. The impact of Japanese knotweed on stream baseflow. Ecohydrology, 7(2), 881-886.

Verhoeven, M.R., W.J. Glisson, D.J. Larkin. 2020. Niche models differentiate potential impacts of two aquatic invasive plant species on native macrophytes. Diversity 2020, 12(4), 162; [Consulté en ligne], https://doi.org/10.3390/d12040162.

Bande riveraine non tondue qui a repris sa place : Renaturalisée

Le Plan directeur de l’eau a été déposé le 1 mars 2024 au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et est en attente d’attestation gouvernementale.